mardi 22 janvier 2008

Le gars d’Ikea

Ça devait arriver. A force de faire des décors de plus en plus réalistes (façon vie quotidienne, quoi), Ikea est devenu un grand appartement. Pendant une semaine, Mark Malkoff, un comédien new-yorkais en manque de logement, a vécu dans un magasin du Suédois, dans le New-Jersey (photo de Helayne Seidman pour The Washington Post Photo). Ses vidéos quotidiennes en direct de son habitat temporaire ont été un des buzz du net. Mark Malkoff est ce qu’on appelle maintenant une weblebrity. Ce n'est pas une première pour ce garçon qui avait déjà visité les 171 Starbucks de Manhattan en vingt heures. Mais plus troublant.

C’est d'abord amusant de le voir dérouler sa vie de carton-pâte. Pas d’eau qui coule des éviers, pas de télécommande pour la té(peut-être le pire !), pas de livres sur les bibliothèques Billy mais des tranches de livres. Le matin, il se lave les dents au distributeur d'eau de la cafétéria... En version originale.


Le happening bascule dans le bizarre dès que se pointe le facteur humain. Et là, ça devient bigrement intéressant. Il lie contact avec les employés, leur fait des shampoings, les « interactions sont réelles avec eux », soutient-il. Mais à quel moment joue-t-il ? « Ce gars est si sincère », lance un employé du magasin au reporter du Washington Post, qui ajoute quelques minutes plus tard ; « mais parfois, c’est difficile de dire quand il est vrai ». Comme dit l'immense Sempé, rien n’est simple, tout se complique. Sauf pour le comédien et la marque suédoise, encore peu connue aux Etats-Unis, qui vient de jouer là un coup de maître.

Autres lits, autres moeurs... En 1969, Lennon et Yoko Ono s’installent dans un hôtel à Montréal, pendant une semaine, pour promouvoir la paix dans le monde et au Vietnam. Ils y recevront le « pape du LSD » Timothy Leary, la chanteuse Petula Clark, des centaines de journalistes. Dans cette vidéo, ils rencontrent Al Capp, un célèbre cartooniste américain, très conservateur, qui refuse de les rejoindre dans le lit pour chanter "Give peace a chance". Il préfère s'asseoir sur une chaise.


Dix ans plus tard, « par jeu », l'artiste française Sophie Calle demande à des inconnus de venir quelques heures dans son lit pour l’occuper sans arrêt pendant huit jours. Un critique la remarque et l’invite à la Biennale des jeunes de Paris. « En fait, dit Sophie Calle, c'est lui qui décida que j'étais une artiste. »
Alors, Mark Malkoff, artiste ? En tout cas, très malin. On lui demande un conseil pour des jeunes qui veulent filmer ? Il répond. « Si vous travaillez vraiment dur, un jour, vous aussi, vous pourrez grandir pour vivre dans un magasin ».

La chanson du jour, en hommage aux premiers frimas du week-end. Etienne Daho, "Comme un igloo"


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