mercredi 6 février 2008

La doyenne de Safeway

La question me turlupine toujours. Le plus surprenant en arrivant aux États-Unis ? Trouver des magasins ouverts 24h sur 24 ou des personnes âgées aux caisses ? Je répondrai donc : « voir un grand-père de 70 ans me rendre la monnaie quand je suis allé à minuit à la pharmacie où j’étais soulagé de trouver un médicament pour le grand qui avait bien mal aux dents. » Voyez comme la phrase est longue et lourde. C’est dire si ces problèmes sont compliqués.

Tout comme ce que j'ai ressenti à la lecture d'un portrait du Washington Post d'hier. Le titre : « la grand-mère officieuse de Safeway ». Il s'agit de Sally Dickerson, 85 ans la semaine dernière, et pas du tout prête à partir en retraite. Si vous vous promenez du côté du magasin de Silver Spring (à deux encablures de Washington), n’hésitez pas à lui faire un petit coucou de ma part. Voir la doyenne d'une entreprise de 200 000 personnes, ce n'est pas rien, ça, non ?

Elle a vu ouvrir et fermer un magasin, a rencontré des milliers d’employés et des millions de clients. Comme elle dit : « une chose en entraîne une autre, et on arrive à 52 ans de travail. Mais le problème, ce n’est pas le nombre d’années, c’est d’avoir une aussi bonne apparence que moi ».

Elle se lève tous les matins à 2h30, prend sa voiture et 1h30 après, arrive au magasin. Elle se tient debout derrière sa caisse de 5 heures jusqu’à 13h30, la fin de son service. Sa fierté : aller plus vite que les autres caissières. Elle n’hésite pas à rembarrer ceux qui la trouvent trop vieille. Et s’endort le soir devant les épisodes de M.A.S.H.

Elle a connu l'époque, sans code-barres ni scanner de caisse, de ce petit film américain pédagogique à usage des dames caissières de 1960.

Aujourd’hui, on a des caisses réservés aux paniers de moins de huit articles, d'où des soucis techniques...


... Et même des émissions de téléachat (la voix off, c'est François Pirette, belge de nationalité).


Le progrès marche-t-il sur la tête ? C'est à vous de voir, moi, je dis ça, je dis rien.

Je constate simplement qu’il y en d'autres qui ne veulent pas parler de retraite. Prenons le cas de Maurice Greenberg (en photo, là). A 85 ans, l’ancien patron d’AIG (le premier assureur mondial), poussé au départ il y a quelques années, veut reprendre du service. Il détient 11% du capital, ce qui peut aider. Le sieur aime répéter à qui veut l’entendre que son arrière-arrière-grand-mère était vendeuse dans la rue à 108 ans. Les finances, ça vous conserve son bonhomme ; Antoine Bernheim est toujours, à 84 ans, président de l’assureur italien Generali. Et c'est un champion de bridge, ne manque pas de préciser chaque article retraçant l'itinéraire du père spirituel de Bolloré.

Finalement, Sally Dickerson est peut-être championne de quelque chose. Peut-être qu’elle n’a pas assez d’argent pour partir à la retraite. Ou peut-être que si.

La chanson du jour : Eiffel 65 fredonne "I'm blue"

Et la liste des « légumes à éviter si vous m’invitez chez vous »
- les salsifis
- les navets
- la macédoine de légumes
- le poireaux en vinaigrette
(maintenant, à vous de jouer)

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